19 mars 2009. Et maintenant ?

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La première journée d’action, celle du 29 janvier, s’inscrivait dans un scénario bien cadré. Acte un: les syndicats mobilisent. Entre 1 million (police) et 2,5 millions (syndicats) de personnes descendent dans la rue. Acte deux: le 18 février, Nicolas Sarkozy reçoit les syndicats, assure qu’il a pris la mesure de l’inquiétude des Français, et annonce des mesures pour un coût total de 2,6 milliards d’euros.

C’était un scénario simple. Les syndicats expriment une demande sociale. Le président de la République apporte une réponse politique. On peut la juger insuffisante. Mais chacun a tenu son rôle.

Arrive avec ce jeudi 19 mars l’acte trois: les syndicats re-mobilisent. Et ça marche. Au delà même de leurs espérances. Tous les pointages concordent: selon les villes, entre 10% et 25% de gens de plus que le 29 janvier sont descendus dans la rue.
Mobilisation plus forte qu'il y a un mois et demi

Au delà du traditionnel marchandage entre police et syndicats, tous les chiffres confirment que la mobilisation est plus forte qu’il y a un mois et demi. A Marseille, la police comptait 24 000 manifestants en janvier et 30 000 ce jeudi (320 000 selon la CGT). A Paris, l’estimation officielle est passée de 65 000 à 85 000 (350 000 selon les syndicats). Et dans la quasi totalité des autres villes de France, où l’écart entre les chiffres des organisateurs et de la police est moindre, le même constat peut être fait.

Les cortèges ont même atteint une ampleur inédite partout où sont annoncées des vagues de licenciements: 50 000 à Grenoble (Caterpillar), 10 000 à Compiègne (Continental), 8 000 à Mont de Marsan (Sony). «Il nous fallait d’abord vérifier que la mobilisation serait au rendez-vous», confiait jeudi François Chérèque (CFDT) défilant avec ses homologues en tête du cortège parisien. La démonstration est faite.
Le gouvernement n'a que de la «pédagogie» à offrir

Problème: le gouvernement n’a pas préparé d’acte quatre. Invité du journal de 20h sur TF1, François Fillon n’a pas d’autres annonces que celles déjà faites le 18 février par Nicolas Sarkozy. La seule chose qu’il reste au Premier ministre est des les répéter. «On va faire de la pédagogie», assure-t-on à Matignon et dans les ministères chargés de mettre en oeuvre les mesures fiscales et sociales annoncées le 18 février.

Cette absence de réponse à la seconde grande journée de mobilisation de l’année 2009 n’est pas sans risque pour Nicolas Sarkozy et sa majorité. Certes, un scénario façon Guadeloupe est peu crédible, même si l’idée d’une grève générale reconductible pour obtenir 200 euros a ses supporters à FO ou à Solidaires. Mais la radicalisation des conflits sociaux, qui se multiplient avec l’annonce des plans de licenciement et les défaillances d’entreprises, ne peut que renforcer l’idée largement partagée par les Français selon laquelle les mesures prises depuis que le début de la crise n’ont servi qu’à préserver les intérêts des banques et les bénéfices de Total.

Ce vendredi 20 mars, les syndicats se sont donnés rendez-vous pour décider d’une suite à donner à cette journée d’action. «On ne va pas se contenter d’appeler à une grande manifestation pour le 1er mai», assure Annick Coupé (Solidaires). Pour autant, les organisations syndicales ne devraient pas appeler à une troisième journée de mobilisation d’ici la fête du Travail. «On pourrait innover en organisant des grands rendez-vous régionaux, partout où il y a des menaces pour l’emploi» suggérait hier un des dirigeants de la CFDT. Une proposition qui aurait aussi les faveurs de la CGT.
Un gros capital de sympathie

«Nous avons tous conscience que notre principale force, ce qui fait la popularité du mouvement social, c’est l’unité syndicale que nous avons su préserver», souligne Alain Olive (Unsa). Nombre de militants syndicaux de la CFTC ou de la CFE-CGC sont politiquement plus proches de l’UMP que de la gauche. Or sous les banderoles de ces deux syndicats, les manifestants étaient nombreux jeudi dans les cortèges. Chez Continental, dans l’Oise, la CFTC est en première ligne contre la fermeture de l’usine. Pour le président de la République, c’est une partie de ses électeurs qui se joignent au front anti-Sarkozy.

Ce capital de sympathie dans l’opinion, y compris dans chez les électeurs de droite, incite l’ensemble des syndicats à ne pas se lancer dans une inititative improvisée qui pourrait tout gâcher. Lancer une série de grands rendez-vous régionaux permettrait de ne pas attendre le 1er mai pour mobiliser, sans refaire à l’identique une troisième journée d’action, tout en préservant l’unité syndicale.
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P
Il a fait pschiiit !
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