Je suis dans un tunel, ça ne passe pas...

Publié le par LV

Souvenez-vous de cette époque lointaine et reculée (il y a 10-15 ans). Personne n’avait de téléphone portable, sauf un type. Vous le traitiez de frimeur en gloussant sous cape. Oui, parce que vous portiez une cape, c’était la mode cette année là.

Puis vous disiez à vos potes : « moi en tout cas, jamais je n’aurai de téléphone portable ». Bon, on va faire comme ça, on va dire que vous seriez suisse puis que vous diriez natel puis que vous comprendriez que ça veut dire téléphone portable. Ca marche pour vous ?

Et puis, la concurrence est arrivée, les prix des communications ont baissé, les opérateurs ont commencé à lancer des forfaits pas chers. Vos potes avaient tous des natels mais vous, vous étiez toujours un rebelz, vous ne disiez jamais, no pasaran.

Le samedi soir, vos potes s’appelaient pour négocier la soirée (« alors on va plutôt au pub à Payerne s’ennuyer, comme ces 423 dernières semaines, ou à un concert vachement bien à Lausanne ? ah ok on va aller Payerne, comme ça on pourra boire des bières, ouais, super »). Vous, ils vous appelaient aussi, mais ça sonnait occupé, vous étiez sur internet avec votre vieux modem 33 6 à propulsion manuelle. Du coup, ils sortaient sans vous. Bon, ils se faisaient chier comme des rats morts alors que vous vous amusiez comme un fou à discuter avec plein d’autres gens sans vie sociale du monde entier, mais quand même.

Vous avez profité d’un super-forfait qui vous proposait, pour 1 franc (c'était au siècle dernier quand même), un nokia 3210, une machine à café, un aspirateur, des pantoufles en poil de loutre, un dentier gonflable et 740 ans d’abonnement chez Orange.

Bon, vous n’avez pas eu beaucoup plus de vie sociale : vous vous trouviez tout le temps dans les 1% du territoire où y avait pas de réseau.

Ensuite, le réseau s’est amélioré, vous avez commencé à téléphoner à tous vos potes pendant un mois, ensuite vous avez reçu votre première facture.

Et puis, les finances s’améliorant, vous avez repris un abonnement, vous avez commencé à découvrir le monde merveilleux de la communication, les gens qui vous regardent de traviolle parce que vous avez de nouveau oublié d’éteindre votre portable au cinéma, les blagues pourries par sms, les supers sonneries téléchargées sur internet, vous aviez « smells like teen spirit », sauf que bon vous étiez le seul à savoir que c’était ça, pour les non-initiés ça ressemblait surtout à un gros tas de sons.

Vous aviez votre 3210 qui objectivement marchait pas si mal, sauf la touche 0 qui était bloquée, vous avez changé pour un 5612 puis un 9922 et un 3615. Maintenant, vous avez une super sonnerie téléphonique (euh c’est polyphonique que je voulais écrire), mais c’est encore plus moche que les tuts tuts tuts de votre tout premier natel, en fait.

Là vous hésitez à vous acheter le tout dernier modèle avec lequel vous pouvez écouter la radio et des mp3, faire des photos, organiser vos rendez-vous, traduire vos messages en 12 langues, surfer sur le net, faire le café, vous brosser les dents, faire cuire des pâtes et capturer des pokémon. Le truc, c’est que vous aimeriez bien aussi l’option téléphone, mais c’est 200 euros de plus.

Maintenant, ça fait plus de quatre ans que vous avez un natel. Vous envoyez des sms à vos potes le samedi soir, vous draguez par sms, vous faites du sexe par sms, vous rompez par sms. Vous commencez à avoir de la peine à vous exprimer en plus de 160 caractères et à écrire des mots complets.

Quand vous passez une soirée sympa avec une demoiselle, vous lui demandez son numéro pour pouvoir lui faire des avances. Même que l’autre jour, vous avez revu Gudule, une fille très sympa avec des yeux malicieux et des gros nénés et au milieu de la soirée, vous lui avez fait une grande déclaration. Vous lui avez dit : « jtm ».

Et quand vous oubliez votre portable à la maison, ou quand vous n’avez pas de chargeur sur vous, c’est le drame, vous êtes au bord de la dépression, vous vous roulez par terre, vous hurlez et vous filez en racheter un nouveau.

Je vous laisse, on m’appelle là. Un MMS capucchino crêmeux !

 

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