Quand Eric Besson disait la vérité sur Nicolas Sarkozy

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Quand Besson dézinguait Sarkozy .
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Extraits du débat :


"Je connais ses talents de communicant à Brice Hortefeux et puis sa capacité à prendre des désirs pour des réalités. [...]
Il y a une stratégie évidente qui est de masquer ce qu'est la réalité de Nicolas Sarkozy. Cette stratégie est simple. D'abord Nicolas Sarkozy essaie de faire en sorte de dire qu'au fond il n'a pas appartenu au gouvernement auquel il appartient depuis 5 ans. [...]"

"Deuxième écran : celui de son propre bilan"

"Il a été ministre de l'Economie et des Finances. La croissance a été faible, les déficits et la dette ont été creusés. Le pouvoir d'achat des plus modestes a baissé.

Il a été ministre de l'Intérieur et vous vous souvenez en 2002, Zorro allait venir. La délinquance globale a baissé [...], je ne le conteste pas [...]. Mais les violences [physiques] faites aux personnes ont augmenté de 43% en 5 ans. Chiffres du ministère de l'Intérieur. [...]"

Sarko... retourne sa veste

"Il a écrit beaucoup de livres, il a prononcé beaucoup de discours et il y a les traces de son action de ministre. Alors, moi je veux bien que par une sorte d'angélisme, un discours d'un après-midi [sur la laïcité] efface 10 ans, 20 ans d'engagement... Celui qui, ce matin, a dit une chose d'intéressante, c'est monsieur Balladur qui dit à Nicolas Sarkozy : 'Faites attention de ne pas trop dire de chose contradictoire'. Autrement dit, il n'est pas dupe monsieur Balladur, il a bien compris que Nicolas Sarkozy est en train de dire tout et l'inverse de tout sur quasiment tous les sujets. [...]"

"Au fond, on voit bien ce qu'il est en train de faire. Il y avait la rupture assénée pendant quatre ans et demi. Et puis, il y a deux, trois mois, elle est devenue tranquille la rupture. Et puis maintenant il n'y a plus de rupture du tout. Pendant 50 ans, il avait été libéral. Depuis 50 jours, c'est un Gaulliste social. On n'avait rien compris au film depuis quatre ans et demi. [...] Nicolas Sarkozy, un doux agneaux gaulliste social".


Le candidat des riches et des fausses promesses

"Les idées, c'est celles de Bush. La méthode, c'est celle de Chirac. Chirac en campagne, c'est plus de dépense publique et moins de recette [...]

"Il a parlé cet après-midi du bouclier fiscal. SA proposition. Vous savez qui elle touche en France sa proposition de baisser de 60 à 50% le bouclier fiscal ? Ceux qui ont un patrimoine de 10 millions d'euros et plus ! Vous imaginez à quel point ça s'adresse à la France qui souffre profondément ! [...]"

"En 2002, nous disions moins de recette et plus de dépense, cela va donner du déficit et de la dette. C'est ce qui s'est produit. Et ce qu'est en train de faire Nicolas Sarkozy, c'est exactement la même chose. Ce qu'il promet est impossible à tenir [...]"

"Il faut dire les choses simplement. La réforme de l'impôt qu'il [Brice Hortefeux] a évoqué: 10% des Français ont bénéficié de 70% de la baisse des impôts sur le revenu depuis 5 ans [...] Comment monsieur Hortefeux, dans ces conditions, peut dire 'Le pouvoir d'achat, c'est nous'? [...]"

"80% des Français ont un revenu inférieur à 2000 euros. Donc quand on parle du bouclier fiscal et du départ de Johnny et de ceux qui ont  un patrimoine de plus de 10 millions d'euros, je ne dis pas que je veux qu'ils quittent la France. Je voudrais qu'ils restent en France et qu'ils ne se plaignent pas de payer l'impôt républicain [...]".


Le rapport Besson


Eric Besson était, ce 14 janvier 2007, invité par Serge Moati en tant que député de la Drôme et secrétaire national du PS chargé de l'économie et de la fiscalité. Mais surtout pour avoir rédigé un rapport sur "Les inquiétantes ruptures de Nicolas Sarkozy". "Vous y dessinez la silhouette d'un homme sécuritaire, dangereux et inefficace", présente Moati devant Besson qui opine du chef. Le journaliste n'exagère pas. "Tout le monde peut s'y référer", souligne Eric Besson au cours du débat. Il est, en effet, téléchargeable sur le web (en format PDF)...


Les journaux ont beaucoup repris le début de l'introduction de l'ancien socialiste ("la France est-elle prête à voter en 2007 pour un néo-conservateur américain à passeport français?"), lorsque celui-ci a rejoint l'équipe de campagne de Nicolas Sarkozy (au soir du premier tour). Un Sarko groupie des Américains, le thème est bien connu... Mais le contenu, l'est beaucoup moins. A l'occasion du débat sur l'identité nationale, nous nous sommes plutôt intéressés aux nombreux passages ayant traits à ce sujet.

Le régime de Vichy...

Le premier chapitre
("Nicolas Sarkozy ou l'apologie du modèle communautariste religieux") est consacré à la perte de la laïcité française et la promotion des sectes par la politique sarkozyste (p11 à p36).
Celle-ci "ravive les sentiments communautaires et la religiosité" [page 16]. Un exemple, la discrimination positive prônée par Nicolas Sarkozy : "c'est abandonner les principes de notre République et compter les habitants de notre République par race ou ethnie. Ce que la France n'a fait qu'aux pires moments de son histoire, ceux de l'esclavage, de la colonisation ou du régime de Vichy" [page 35].

Eric Besson s'attaque à la dérive sécuritaire et "l'échec des lois sur l'immigration" dans le chapitre "Nicolas Sarkozy ou le sécuritaire dangereux et inefficace" (p37 à p68). Là encore, la critique est cinglante... "S'appuyant sur une conception manichéenne et utilitariste de la sécurité, Nicolas Sarkozy n'a fait que multiplier les chantiers législatifs afin d'entretenir l'illusion médiatique d'un fléchissement de la délinquance". Pour Besson, qui donne tout un tas d'exemples précis, le ministre de l'Intérieur Sarkozy a une conception sécuritaire purement basée sur la répression, sans tenir compte de la prévention. Il cite même les communistes pour appuyer ses propos : "Comme le dit Marie-George Buffet, 'flatter le tout répressif, cela permet à certains de se lâcher. C'est très inquiétant de la part d'un représentant de l'Etat'" [p 40].

Besson défenseur des immigrés contre Sarkozy

Peu de lois de Sarko ministre trouvent grâce à ses yeux. Dans un élan visionnaire, Besson s'inquiète entre autres "du pouvoir judiciaireinféodé au ministère de l'intérieur". Nicolas Sarkozy "abuse de la rhétorique des juges qui remettent en liberté les personnes arrêtées par la police" et "veut rassurer les Français en ajoutant de nouvelles pages au code pénal !". "En fait, il se saisit de dossiers sensibles, emblématiques, pour renforcer son image d'homme d'action volontariste mais l'action qu'il conduit a pour objet non de régler les problèmes, comme clamé partout haut et fort, mais de s'en donner l'apparence à grand renfort de médiatisation" [p 45].

Puis vient le passage sur "la production assurée de clandestins". Cinq pages à charge contre "l'échec des lois sur l'immigration" [de la page 49 à 54]. Il y dénonce un mensonge : "Nicolas Sarkozy n'a pas supprimé la double peine comme il ne cesse de l'affirmer : la protection dite absolue n'est accordée qu'à certaines catégories strictement limitées et connaît en outre des exceptions". Egalement : la difficulté pour les étrangers d'obtenir l'abrogation de leur expulsion ("certains ne peuvent fournir des preuves suffisantes de leur résidence habituelle en France") ou d'obtenir un visa pour revenir en France ("les demandes déposées par les étrangers qui remplissent les conditions requises sont souvent rejetées sans motif ou n'obtiennent aucune réponse !"). Des difficultés que dénoncent plus que jamais les associations aujourd'hui.

Politique du chiffre et clin d'oeil vers l'extrême-droite

Les placements en retentions, la politique du chiffres (très critiquée dans le rapport et farouchement défendue à son entrée au ministère de l'immigration le 27 janvier 2009 "Brice Hortefeux a travaillé sur la base de 26 000 reconduites à la frontière. Il a fait plus car les retours volontaires ont triplé"), la loi Sarkozy II (du 24 juillet 2006) qui "abouti surtout à précariser la situation des étrangers installés en France"... sont autant de sujets chers à Nicolas Sarkozy qui fâchent Eric Besson. En particulier le principe de l'immigration choisie. "La réduction des droits des étrangers ou la vraie raison de la loi Sarkozy II à un an de l'élection présidentielle" a pour objectif de "rassurer l'électorat de droite et d'extrême-droite en prétendant lutter encore et toujours contre l'immigration, qu'elle soit d'ailleurs illégale ou non" [p 52].

"Il reste que l'on doit s'interroger sur l'efficacité des mesures envisagées", tempère Eric Besson. "Tempère" ? Pas du tout en fait, puisque le paragraphe suivant montre que l'abrogation de la régularisation de plein droit après 10 ans de présence en France ou sur le fondement de la vie privée et familiale "est une mesure totalement inefficace" "puisque le nombre de personnes régularisées sur ses bases est relativement modeste". "C'est surtout une mesure potentiellement dangereuse", poursuit-il. S'appuyant sur un rapport de la comission sénatoriale sur l'immigration clandestine, Besson estime que "la politique de reconduite à la frontière conduit à des situations inextricables et humainement bouleversante".

"Trop occupé à traquer l'immigré"

Quant au deuxième volet de la loi Sarkozy , sur le durcissement des conditions du regroupement familial et des unions mixtes, il "comporte le risque très fort de remettre en cause les droits fondamentaux". "Le gouvernement affirme vouloir mettre l'accent sur les étrangers dans la société française ; en fait, il remet en cause le premier vecteur d'intégration sociale que constitue la vie en famille et prend le risque de développer des familles réunies dans l'illégalité et dont les membres ne sont ni régularisables, ni expulsables" [p 53].

Laudateur sur la "réduction des fluxs de clandestins" depuis la fermeture du centre de Sangatte (voir l'interview du 27/01/09 de La Voix du Nord), Besson parlait pourtant "d'un embourbement". "L'histoire du centre de Sangatte est encore bien plus révélatrice de l'échec de la politique de Nicolas Sarkozy en matière de lutte contre l'immigration clandestine", annonce le rapport. "Revenons sur cette décision  qui n'a rien résolu !" Oh oui ! Celui qui s'évertue à démanteler la "jungle" de Calais évoque Amnesty International, le groupe d'information et de soutien aux immigrés (Gisti) et d'autres associations pour dénoncer les "décisions fortement médiatisées, quitte à en négliger les conséquences pour les migrants et les associations" [p 63]. On jurerait que le Besson 2007 se bat contre le Besson 2009... Gisti a d'ailleurs dénoncé "le mensonge d'Eric Besson sur le délit de solidarité" cette année (voir communiqué sur le site). Et France 3 avait fait le parallèle entre la situation des migrant après Sangatte et après le démantèlement des tentes dans ce reportage.

Le reste du rapport est du même acabit. Le chapitre 3 est consacré à "Nicolas  Sarkozy ou le vrai libéral sous couvert d'un faux pragmatique" (sur le volet économique) tandis que le dernier montre en quoi "Sarkozy est le clone de Bush". Un rapport fort intéressant sur un Nicolas Sarkozy "trop occupé à traquer l'immigré" [p 54], qui n'a pas pris une ride. Seul son auteur paraît avoir légèrement changé...
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M
<br /> quelqu'un lui a t-il demandé pourquoi est t-il passé a l'ennemie? de s'expliquer sur son rapport anti-Sarkozy? sur ce débat télévisé qui a eu lieu très peut de temps avant son brusque revirement si<br /> je ne me trompe? quelqu'un a regardé dans son dos si une arme ne s'y trouvait pas, ou une épée au dessus de sa tête? moi, quand je regard ce reportage et une de ces apparitions télévisuel, je vois<br /> deux homme différant, le premier est sur de lui, a des arguments, est fier de ce qu'il est, le deuxième lui, est fébrile , semble avoir honte de lui, bafouille, cherche ses mots.<br /> quelle est votre analyse à vous?<br /> <br /> <br />
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