Cécilia et François à l'ombre de la campagne

Publié le par LV

La campagne présidentielle s'achève sans coups bas. Malgré de rudes accrochages politiques, aucun « dossier noir », aucune attaque d'ordre privé ne sont venus polluer le débat entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy.

Cela n'empêche pas les Français de discuter beaucoup, entre eux, de la vie sentimentale des deux candidats.

Des observateurs s'interrogent : puisque cela intéresse les électeurs, pourquoi les médias n'en parlent-ils pas ? A vrai dire, certains journaux le font, mais à mots couverts, dans une sorte de langage codé. Le 9 avril, Le Monde « les rumeurs sur les tensions au sein de son couple ».
évoquait, à propos de Nicolas Sarkozy, « les rumeurs sur les tensions au sein de son couple ».

Dans la foulée, Jean-Marie Le Pen, l'éditorialiste Daniel Schneidermann et quelques médias étrangers « dénonçaient » le manque de curiosité des journalistes français sur la stabilité du couple Sarkozy, reformé en 2006 après une période de séparation.

Le candidat de droite a répondu en annonçant que sa femme vivrait à l'Elysée s'il était élu président. Le 25 avril, l'hebdomadaire Paris Match a publié une photo montrant Nicolas Sarkozy embrassant goulûment Cécilia, après le premier tour de l'élection présidentielle.

Ségolène Royal a dû organiser une riposte similaire. Dans son livre Maintenant, paru en mars, elle mentionne son compagnon François Hollande, numéro un du Parti socialiste et père de ses quatre enfants : « Oui, nous sommes toujours ensemble et oui, nous vivons toujours ensemble. Si cela n'était pas le cas, je peux vous dire qu'avec le nombre de paparazzis qui nous suivent, on le saurait ! »

Durant la campagne, les apparitions communes de Ségolène Royal et de François Hollande n'ont pas été marquées par de grands gestes d'affection. Mais les médias français se sont peu intéressés au sujet depuis la divulgation, il y a plusieurs mois, du flirt entre François Hollande et une journaliste politique.

Interrogée récemment pour savoir si son compagnon viendrait vivre à l'Elysée en cas de victoire, Ségolène Royal a répondu par un laconique « Nous verrons ». De son côté, le dirigeant socialiste a toujours affirmé qu'il n'emménagerait pas dans le palais présidentiel. En France, comme dans de nombreux pays, les conjoints des chefs d'Etat jouent un rôle semi-officiel (inaugurations, bonnes oeuvres...), dans les allées du pouvoir. Et c'est ce qui rend « légitimes » les interrogations sur la santé des couples Sarkozy ou Royal-Hollande.

Mais plusieurs règles, coutumières ou écrites, s'opposent aux recherches dans ce domaine. La première est la loi française, qui impose aux médias un strict respect de la vie privée, y compris pour les personnalités politiques. S'y ajoutent deux principes journalistiques simples : « On ne parle pas de rumeurs, et on s'arrête à la porte de la chambre à coucher », explique ainsi Carl Meeus, journaliste au magazine Le Point - une retenue difficile à comprendre pour les Anglo-Saxons, qui considèrent que la vie sexuelle de leurs dirigeants relève de la sphère publique.

« En France, il y a un respect, mais il a pour conséquence de rendre la rumeur plus virulente, plus aberrante aussi »
, estime Pascale Amaudric du Journal du Dimanche. L'exemple type de ce phénomène est un bruit qui circule à Paris depuis un an et demi : Cécilia Sarkozy se serait plainte à la police de brutalités exercées par son mari. Les médias français n'en ont jamais parlé, mais ce n'est pas faute d'avoir essayé : des titres comme Le Monde et Le Canard enchaîné ont mis des enquêteurs sur l'affaire, sans trouver rien de probant.

Il est difficile de persuader les Français de la fausseté des rumeurs visant leurs politiciens, notamment parce que ces derniers sont réputés exercer une influence considérable sur les médias. C'est particulièrement vrai pour Nicolas Sarkozy, qui entretient de cordiales relations avec les actionnaires du groupe Lagardère (Europe 1, Paris Match), de TF1 et du Figaro.

Mais ce sont les connivences directes entre politiciens et journalistes qui peuvent poser le plus de problèmes. Il est ainsi notoire que le président Jacques Chirac a eu des journalistes pour maîtresses. A l'inverse, un journaliste risque d'être boycotté par la personne qu'il est chargé de suivre si elle le juge désagréable... Un comportement qui concerne aussi bien la gauche que la droite, et qui encourage à ne pas poser les questions qui fâchent.
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