Géorgie

Publié le

Une guerre orchestrée par les Etats-Unis ?

Moscou dénonce la politique de va-t-en-guerre des autorités géorgiennes et affirme que c'est le soutien de Washington à Tbilissi qui a rendu possible ce conflit. Après l'Irak et le Kosovo, les Etats-Unis bafouent une nouvelle fois le droit international, accuse le quotidien russe La Pravda

Le gouvernement américain a appelé à un cessez-le-feu immédiat dans le conflit qui oppose la Russie et la Géorgie pour la république non reconnue d'Ossétie du Sud. De leur côté, les autorités russes estiment que ce sont les Etats-Unis qui ont orchestré le conflit en question. Vladimir Vassiliev, président de la commission sur la sécurité de la Douma, considère que la crise actuelle en Ossétie du Sud rappelle fortement les guerres en Irak et au Kosovo.

"Les choses qui se sont passées au Kosovo, les choses qui se sont passées en Irak : nous suivons maintenant la même voie. Plus la situation se développe, plus le monde va comprendre que la Géorgie n'aurait jamais été capable de faire tout cela sans les Etats-Unis. Les responsables de la Défense d'Ossétie du Sud ont à plusieurs reprises annoncé une agression imminente de la part de la Géorgie, mais cette dernière niait tout, pendant que le département d'Etat américain s'abstenait de tout commentaire sur le sujet. Mais les Etats-Unis ont préparé les forces qui détruisent tout en Ossétie du Sud, attaquent les civils et les hôpitaux. Ils sont responsables de tout cela. La communauté internationale va l'apprendre", a déclaré Vassiliev.

Il a par ailleurs été affirmé que les troupes géorgiennes avaient pratiqué le nettoyage ethnique dans plusieurs villages ossètes, où les maisons ont été purement et simplement rasées. "Le nombre de victimes, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées, se compte par centaines, voire par milliers", assure une source proche du gouvernement d'Ossétie du Sud depuis la capitale Tskhinvali.

D'après Interfax [agence de presse privée russe], Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, a expliqué aux journalistes que les actions de la Géorgie en Ossétie du Sud poussent à s'interroger sur la cohérence de cette dernière en tant qu'Etat et membre responsable de la communauté internationale. "Des civils, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées, meurent en Ossétie du Sud. En outre, la Géorgie procède à un nettoyage ethnique dans les villages d'Ossétie du Sud. La situation s'aggrave d'heure en heure. La Géorgie utilise du matériel militaire et des armes lourdes contre les gens. Ses soldats bombardent les quartiers résidentiels de Tskhinvali et d'autres sites, mais aussi les convois humanitaires. Le nombre de réfugiés continue d'augmenter – les gens cherchent à sauver leur vie, la vie de leurs enfants et de leurs proches. La menace d'une catastrophe humanitaire s'accroît", a-t-il lancé, avant de rappeler que le gouvernement géorgien avait ignoré l'appel lancé par l'Assemblée générale des Nations unies de respecter la trêve olympique pendant les Jeux de Pékin.

"Le gouvernement géorgien a trouvé comment utiliser les armes qu'il s'est procurées ces dernières années", a poursuivi Lavrov. "On voit aujourd'hui clairement pourquoi la Géorgie n'a jamais accepté l'offre de la Russie de signer un document par lequel [les parties] se seraient engagées à ne pas recourir à la force pour régler le conflit en Ossétie du Sud. […] Il n'y a pas si longtemps, avant les actions militaires en Ossétie du Sud, le président Saakachvili a dit qu'un tel document était inutile car la Géorgie n'aurait jamais recours à la force contre sa propre population. C'est précisément ce qu'elle est en train de faire."

Sergueï Lavrov pense que la communauté internationale devrait cesser de fermer les yeux sur la volonté de la Géorgie d'acheter des armes. "Nous avons systématiquement prévenu la communauté internationale qu'il ne fallait pas ignorer ces achats massifs d'armes offensives, auquel le gouvernement géorgien a procédé ces deux dernières années", conclut-il.

Les médias dénoncent "l'agression russe"

Quelques heures après l'action militaire menée par les troupes géorgiennes en Ossétie du Sud, la Russie lançait une riposte militaire d'envergure pour défendre ce territoire géorgien séparatiste. La presse géorgienne reproche à la communauté internationale de manquer de fermeté à l'égard de Moscou.

Selon le webzine russe Kavkazski Ouzel, Tskhinvali, la capitale de l'Ossétie du Sud, a presque entièrement été détruite par des rafales de l'artillerie lourde géorgienne dans la nuit du 7 au 8 août. Les bilans sont cependant très contradictoires en fonction des sources. Certains journaux russes annoncent la mort de 2 000 civils en Ossétie du Sud, sans que ce nombre puisse être vérifié pour l'instant. Le drame des civils est toutefois passé sous silence dans les médias géorgiens, qui restent exclusivement concentrés sur la riposte militaire de Moscou contre la Géorgie.

Pour le journal géorgien Akhali Taoba, "Tbilissi est en guerre avec la Russie". Des bombardements russes contre des infrastructures militaires géorgiennes se sont poursuivis dans la nuit du 10 au 11 août, y compris aux environs de la capitale géorgienne, informe le webzine de Tbilissi Civil Georgia. "L'aviation russe a frappé cinq cibles géorgiennes [en dehors du territoire d'Ossétie du Sud]. Une explosion a détruit un radar de Makhata, près de Tbilissi, sans faire de victimes. Une autre bombe est tombée à Patara Lilo, une banlieue de la capitale, sur un terrain désert." Par ailleurs, des réfugiés géorgiens – de 10 000 à 20 000 – continuent à affluer vers Tbilissi, affirme Civil Georgia.

Dans le quotidien Sakartvelos Respoublika, basé à Tbilissi, le président du Parlement géorgien David Bakradzé justifie l'attaque militaire géorgienne contre l'Ossétie du Sud par le "refus des séparatistes de dialoguer et leur volonté de se battre [pour leur indépendance]". Il insiste sur "l'agression militaire de grande envergure de la Russie", avec laquelle la Géorgie se trouve en "état de guerre non déclarée" que la communauté internationale "doit stopper".

Le président géorgien Mikhéil Saakachvili, quant à lui, en appelle à une réaction vigoureuse des Etats-Unis. Selon lui, l'agression russe a pour objectif de détruire "un petit pays démocratique" et le monde "doit se réveiller afin d'arrêter une action folle et criminelle contre la Géorgie". Le président géorgien a souhaité donner une dimension universelle à la guerre en Ossétie du Sud, en affirmant dans Sakartvelos Respoublika : "En fait, la Géorgie se bat pour la liberté du monde et espère que la communauté internationale l'aidera à faire cesser l'agression."

Pour le quotidien de Tbilissi 24 Saati, la "réaction diplomatique [internationale] a tardé. Néanmoins, un appel à l'arrêt des hostilités russes contre la Géorgie serait en préparation dans de nombreuses capitales du monde". Le président russe Dmitri Medvedev a entre-temps déclaré que "l'essentiel de l'opération consistant à forcer la Géorgie à la paix" était achevé et que Tskhinvali se trouvait "sous le contrôle des soldats de la paix russes", rapporte Civil Georgia.

Les combats s'étendent en Abkhazie

Les séparatistes pro-russes d'Abkhazie ont lancé le 9 août une opération militaire pour chasser les soldats géorgiens des gorges du Kodori. Ils ont ainsi ouvert un nouveau front face aux forces de Tbilissi, engagées dans une offensive contre l'Ossétie du Sud. Le mois dernier, la communauté internationale négociait encore une issue pacifique à la question abkhaze.

Mi-juillet, après avoir réclamé pendant des années que la crise liée aux velléités séparatistes abkhaze et sud-ossète soit traité à l'échelle internationale, la Géorgie se réjouissait de "l'internationalisation du conflit" abkhazo-géorgien qui se traduisait notamment par l'activisme de la diplomatie allemande, écrivait le webzine géorgien Civil Georgia fin juillet. Le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier avait en effet rendu public le 17 juillet 2008 un plan de sortie de crise en Abkhasie, plan qui consistait dans un premier temps à ce que les violences cessent afin de permettre le retour en Abkhazie des 250 000 réfugiés géorgiens. Il s'agissait ensuite de lancer des projets de reconstruction avant de déterminer le statut de la province rebelle.

Tout en saluant le plan de Berlin, le président géorgien Mikhail Saakachvili a tempéré : cette proposition "n'est pas définitive" et "certaines questions devront être précisées". L'establishment politique géorgien était en effet unanime dans l'analyse du contenu du plan de Frank-Walter Steinmeier. Pour la ministre des Affaires étrangères Eka Tkechelachvili, bien que la proposition allemande soit "intéressante", elle nécessite d'être "peaufinée".

David Bakradzé, président du Parlement géorgien, semble incommodé par l'absence dans ce plan de référence claire à l'intégrité territoriale de la Géorgie, qui "doit être absolument garantie". Par ailleurs, "dès la première phase du plan, l'accent doit être mis sur le retour des réfugiés [géorgiens, expulsée d'Abkhazie à la suite d'un nettoyage ethnique durant la guerre de 1992-1993]. Le flou des perspectives du retour est inacceptables".

Pourtant, ce retour de 300 000 déplacés a tout de suite été qualifié "d'irréaliste dans la situation actuelle" par le ministre des Affaires étrangères russe Serguéi Lavrov. Ce à quoi Mikhail Saakachvili avait répliqué vigoureusement que c'était là "une déclaration absolument éhontée et très inquiétante. Cette purge ethnique fut l'une des plus barbares et des plus oubliées de la fin du XXème siècle. Aucune capitale, à l'exception de Tbilissi, n'a le droit de se prononcer sur ce problème. [Refuser aux réfugiés de rentrer chez eux] est une décision inhumaine et barbare. Ils rentreront en Abkhazie. Nous y veillerons conjointement avec la communauté internationale".

Côté abkhaze, la proposition allemande, présenté par M. Steinmeier en personne à Soukhoumi, la capitale abkhaze, le 18 juillet, a été rejetée. Le numéro un abkhaze Serguéi Bagapch, dans le quotidien de Tbilissi 24 Saati, précisait qu'il "n'envisageait pas d'étudier les plans élaborés par des pays occidentaux et comptait maintenir le cap sur l'indépendance". "Le retour des réfugiés conduirait à une nouvelle guerre", a-t-il aussi confié au journal moscovite Izvestia. Pour l'homme fort de Soukhoumi, "la présence des troupes géorgiennes dans les gorges de Kodori [la Haute-Abkhazie] est l'obstacle principal à la paix. Tant que le conflit n'est pas résolu, il est contreproductif d'insister sur le retour de réfugiés dans d'autres régions abkhazes que Gali [district d'environ 50 000 habitants, en majorité Géorgiens]".

Pour Tbilissi, rebrousser chemin est pourtant impossible. "Nous avons deux solutions : résoudre le conflit par la voie diplomatique ou bien maintenir le statu quo", analyse le ministre de l'Intégration territoriale géorgien Temour Iakobachvili dans l'hebdomadaire géorgien Kviris Palitra. "Cette dernière solution n'est pas dans notre intérêt. La période des conflits gelés en Géorgie est terminée. Les Etats-Unis nous soutiennent comme jamais et de nombreux pays européens partagent notre vision". C'est probablement dans cet esprit d'activation de la diplomatie européenne que devant le Parlement européen "Bernard Kouchner s'est dit prêt à se rendre prochainement en Géorgie et en Abkhazie afin de détendre les tensions", rapporte 24 Saati.

La guerre a éclaté en Ossétie du Sud

L'armée géorgienne a lancé une vaste opération militaire pour reprendre le contrôle de sa province sécessionniste d'Ossétie du Sud, dont la capitale, Tskhinvali, est le théâtre d'intenses combats avec les forces séparatistes.

Force est de constater que l'option militaire, jugée pourtant irréaliste par tous les analystes, l'a emporté dans l'establishment politique géorgien. Dans la nuit du 7 au 8 août, l'armée géorgienne, une des mieux équipées et des mieux entraînées dans l'espace postsoviétique, a lancé une attaque massive contre la république séparatiste prorusse d'Ossétie du Sud. Selon les autorités géorgiennes, il s'agissait de riposter à "des agressions récurrentes sud-ossètes" contre des villages à majorité géorgienne et de rétablir "la paix et l'ordre constitutionnel" dans la république rebelle, écrit le quotidien moscovite Izvestia.

Selon les premières informations, il y aurait des victimes et des blessés parmi la population civile sud-ossète, ainsi que dans les rangs des forces du maintien de la paix russes, prises pour cibles par l'artillerie lourde géorgienne, comme l'affirme Izvestia sur la base de témoignages de nombreux journalistes russes se trouvant dans la zone des hostilités. "C'est une guerre civile provoquée par la Géorgie, poursuit le journal. C'est un fait indéniable, bien que l'élite politique géorgienne ose prétendre mener une opération de pacification. Tbilissi se dit prêt à arrêter le bain de sang si Tskhinvali [capitale sud-ossète] accepte une négociation directe [sans médiation russe], ce qui signifierait une capitulation [des séparatistes]. Tbilissi promet par ailleurs d'octroyer à la république une large autonomie au sein de la Géorgie et une aide humanitaire de 35 millions de dollars pour la reconstruction." Le Premier ministre géorgien Vladimir Gourguénidzé a également proposé "une amnistie juridico-politique pour tous les hauts fonctionnaires de la république autoproclamée" tout en réitérant la volonté de Tbilissi de "poursuivre [l'action militaire] jusqu'au rétablissement de l'ordre".

Dans son allocution à la nation, citée par l'agence d'information géorgienne Akhali Ambebi Sakartvelo, le président géorgien Mikhaïl Saakachvili a annoncé que dans la matinée du 8 août, "la majeure partie de l'Ossétie du Sud était libérée et contrôlée par les forces gouvernementales géorgiennes". Il a ensuite accusé Moscou d'avoir envoyé des bombardiers SU-24 frapper les alentours de la ville géorgienne de Gori [à une cinquantaine de kilomètres de Tskhinvali] et les régions de Kareli et de Variani. Information catégoriquement démentie par la Russie : "C'est du délire, une énième provocation nauséabonde de Tbilissi", a rétorqué un haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères russe, cité par Izvestia. Arguant l'intrusion militaire russe, le chef de l'Etat géorgien a réitéré sa détermination à "ne jamais renoncer aux droits territoriaux [de la Géorgie]", avant d'annoncer une mobilisation générale de "plusieurs milliers de réservistes", rapporte le webzine géorgien Civil Georgia.

Côté russe, le premier à avoir réagi à l'escalade de la violence a été le chef du gouvernement Vladimir Poutine. Depuis Pékin, il a regretté le non-respect par la Géorgie de la trêve olympique et a promis "une riposte à l'agression géorgienne", rapporte le quotidien en ligne russe Vzgliad. En effet, la réponse de Moscou n'a pas tardé : le président russe Dimitri Medvedev a promis de protéger la population civile ossète dont la majorité possède un passeport russe, informe Vzgliad. "Nous n'accepterons pas la mort impunie de nos concitoyens où qu'ils se trouvent", a-t-il martelé. Selon Vzgliad, des troupes et des blindés russes auraient franchi la frontière russo-géorgienne et se dirigeraient vers Tskhinvali.

Quant à la communauté internationale, l'OTAN, l'ONU et le Conseil de l'Europe ont appelé les parties à cesser le feu et à s'asseoir autour de la table des négociations. A l'heure actuelle, la pacification semble toutefois être un vœu pieux.

Les Ossètes réclament l'aide de Moscou "contre le fascisme"

Le président géorgien Mikhaïl Saakachvili affirme que "l'armée géorgienne contrôle la capitale de l'Ossétie du Sud", ce que le gouvernement de la république indépendantiste non reconnu a démenti. La guerre a frappé les habitants de Tskhinvali pendant la nuit, quand les forces géorgiennes ont commencé à pilonner massivement la ville. Maïa Kharibova, correspondante sur place de la radio Echo de Moscou, reprise par le quotidien russe Kommersant, a déclaré que les citoyens ossètes, dont beaucoup ont la nationalité russe, avaient demandé à Dimitri Medvedev sa protection. Le journal cite un extrait de leur appel : "L'agresseur géorgien nous détruit. Nous nous sommes réfugiés dans les sous-sols des maisons sous les bombardements. […] On nous a dit que la Russie disposait d'une puissante aviation. Aidez-nous, s'il en est encore temps. La ville est rasée, les maisons des habitants pacifiques brûlent, les gens ne savent pas où fuir. Nous n'avons qu'un seul espoir, c'est vous. Le peuple d'Ossétie du Sud demande l'aide de la Russie contre le fascisme et la liquidation complète par la Géorgie." En dépit de combats intenses, les militaires géorgiens ne parviennent pas pour l'instant à occuper la ville, assure le gouvernement séparatiste.

Comment échapper au piège militaire russe ?


Tbilissi a lancé le 7 août une offensive en Ossétie du sud, république géorgienne séparatiste pro-russe. Selon les Géorgiens, les Russes auraient répliqué par des bombardements. Voici quelques mois, le quotidien géorgien 24 Saati jugeait pourtant qu'un scénario militaire serait catastrophique pour Tbilissi.

Sans preuve aucune, les séparatistes abkhazes et sud-ossètes ont accusé la Géorgie d'avoir fomenté les récents attentats [entre le 29 juillet et le 6 juillet, une série d'attentats ont fait six morts et des dizaines de blessés en Abkhazie et en Ossétie du sud]. Selon eux, les autorités géorgiennes ont l'intention de provoquer des hostilités armées [pour restaurer leur souveraineté sur les deux républiques autoproclamées]. Il est pourtant évident, pour qui réfléchit un tant soit peu, que Tbilissi ne possède pas les ressources qui lui permettraient de récupérer par la force l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud. A l'étape actuelle, toute tentative de restaurer militairement notre intégrité territoriale conduirait l'Etat géorgien à une catastrophe. En effet, dans ces régions, nous ne sommes pas simplement confrontés au problème du séparatisme. Une donnée essentielle est que la Russie est l'acteur central du conflit.

Une évolution militaire arrangerait les autorités russes, qui savent parfaitement que la Géorgie pourrait alors dire adieu à son intégration dans l'Occident. Et cela pour une durée indéterminée. Aussi ce qui se passe en Abkhazie et en Ossétie du Sud ne peut-il être réduit à une "guerre des clans" [comme l'affirme Tbilissi]. Il s'agit d'une partie du scénario russe. Notons d'ailleurs que Moscou n'a pas ouvertement accusé Tbilissi. La Russie a simplement fait part de son inquiétude et a appelé les parties à la retenue. Rien à dire : la réaction du Kremlin a été pesée et mesurée. Car, pour l'heure, il ne possède aucune preuve de l'implication de Tbilissi dans les explosions.

Il est indéniable que les conflits sur le territoire géorgien ne sont plus "gelés". La reconnaissance de l'indépendance du Kosovo a servi de catalyseur à la montée des tensions. C'est à partir de ce moment que Moscou a lancé des provocations, en soutien aux régimes séparatistes abkhaze et sud-ossète, avec pour objectif l'annexion de ces territoires. La Géorgie s'y attendait. Notre jeune diplomatie a réussi à mobiliser la communauté internationale. Et les discussions sans précédent qui ont eu lieu à l'ONU autour de ces questions ont joué un rôle très important, même s'il est impossible de prédire si la protection de l'Occident sera efficace en cas d'aggravation des conflits. Pour la Russie, ces attentats pourraient n'être que des tests permettant d'évaluer le degré d'engagement réel de l'Occident dans la crise géorgienne.

Moscou prépare des accusations sérieuses contre Tbilissi. Et voilà à quoi il faut s'attendre dans les prochaines semaines : les actions terroristes vont se poursuivre et la "piste géorgienne" sera mise en lumière ; la diplomatie russe s'activera sur la scène internationale et essaiera de faire signer à la Géorgie un accord sur la non-utilisation de la force ; en cas de refus, Tbilissi devra se préparer à de nouvelles provocations, dont l'objectif sera de nous entraîner dans un conflit armé. Patience et diplomatie efficace, voilà ce que nous devons opposer à ces manœuvres. Tbilissi doit gagner cette guerre par des moyens pacifiques.
Dans une conversation avec le président français Nicolas Sarkozy, Dmitri Medvedev a estimé que l'attaque militaire du gouvernement géorgien contre l'Ossétie du Sud a porté "un coup irrémédiable à l'intégrité de l'Etat géorgien".
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article