Darfour : Chirac durcit le ton, les candidats s'engagent

Publié le par LV

Le président Jacques Chirac a menacé mardi soir le Soudan de sanctions lors de la plus grande mobilisation pour le Darfour organisée à Paris et marquée par l'engagement des principaux candidats à la présidentielle de faire cesser les massacres dans la province soudanaise.

"Je le dis solennellement : si les exactions se poursuivent, si la parole n'est pas respectée, le Conseil de sécurité n'aura pas d'autre choix que d'adopter des sanctions. Déjà, nous y travaillons", déclare M. Chirac dans un message lu par Bernard-Henri Lévy lors de ce meeting du collectif Urgence Darfour à la Mutualité.

Le chef de l'Etat, bientôt arrivé au terme de son dernier mandat, a assuré qu'il n'y aura "pas d'impunité" pour les auteurs de "crimes contre l'humanité" et que "tout doit être fait pour que la force de l'ONU et de l'Union africaine puisse se déployer au Darfour".

Une résolution du Conseil de sécurité prévoit le déploiement progressif d'une force conjointe ONU-Union africaine de 20.000 hommes au Darfour, pour mettre fin aux violences entre les rebelles issus des populations noires locales et des milices arabes appuyés par l'armée soudanaise. Le conflit a fait 200.000 morts, essentiellement des civils, et plus de 2 millions de déplacés depuis quatre ans, selon l'Onu.

Face au refus du régime du président Omar el-Béchir d'accepter le déploiement d'une force internationale, la Grande-Bretagne a déjà brandi la menace de sanctions et les Etats-Unis ont souhaité une nouvelle résolution, alors que, jusqu'à présent, la France s'était montrée très réservée sur ces mesures.

Le ministre des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy, très attaqué mardi soir sur "l'inaction" de la France, a répondu que "s'il n'y a pas d'accord politique entre les différents groupes rebelles et le gouvernement soudanais, n'importe qu'elle intervention militaire qui se substituerait à un accord politique serait vouée à un échec total".

Il a également souligné qu'au sein du Conseil de sécurité de l'Onu il fallait "convaincre" les trois pays soutenant jusqu'ici le Soudan (Chine, Afrique du Sud, Indonésie) pour obtenir des décisions prises à l'unanimité et donc plus efficaces selon lui.

Deux des candidats à la présidentielle, l'UDF François Bayrou et la socialiste Ségolène Royal, présents mardi soir, ont proposé de faire pression sur la Chine en menaçant de boycotter les Jeux olympiques de Pékin (2008).

De son côté, le candidat UMP Nicolas Sarkozy a fait savoir par un courrier lu sous des huées que s'il est élu, il mettrait en place des sanctions unilatérales de la France contre le Soudan.

Tous trois ont signé un engagement en huit points en faveur du Darfour, tout comme Dominique Voynet (Verts) et Marie-Georges Buffet (communiste).

Pour cette soirée, à laquelle plusieurs centaines de personnes ont assisté, Urgence Darfour avait mobilisé des personnalités diverses: Bernard Kouchner, Fadela Amara, Fanny Ardant, Nicole Garcia, Claude Lanzmann, André Glucksman ou encore Romain Goupil.

Une délégation de réfugiés darfouris a été applaudie très longuement par la salle, debout, ainsi que le chef de l'un des mouvements rebelles du Darfour, abdul wahid(Mouvement de libération du Soudan).

Ce dernier a appelé la France et l'Union européenne à choisir: "soit vous envoyez une force internationale, soit vous nous donnez des armes pour nous défendre", a-t-il lancé.

L'ancien président de Médecins du Monde souligne aussi que "la communauté internationale n'a jamais sauvé aucun peuple de génocide, ni les Arméniens, ni les Juifs, ni les Cambodgiens, ni les Tutsis".

"Au Rwanda dans un petit pays, le génocide s'est déroulé en quelques semaines", rappelle-t-il.

Au Darfour, où une guerre civile oppose depuis quatre ans des mouvements rebelles issus de la population noire locale à des milices arabes appuyées par l'armée soudanaise, "le gouvernement soudanais agit sur un territoire de 550.000 km2, avec une stratégie plus subtile: la mort lente par épuisement de centaines de milliers de personnes, chassées de leurs villages", poursuit-il.

Le conflit a fait 200.000 morts et plus de deux millions de déplacés depuis février 2003, selon l'Onu. Le gouvernement soudanais conteste ces chiffres.

"Toute posture attentiste", prévient le président d'Urgence Darfour,"revient à laisser les victimes désespérément seules face à leurs bourreaux".

 

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L
Sauf erreur de ma part n'était-ce pas ce même Chirac qui, il y a quelques semaines, recevait en grandes pompes à Cannes ce même individu, lors du sommet France-Afrique ?
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A
Il y avait plus de mobilisation pour l'Irak que pour ce masacre. Honteux! C'est parce qu'il n'y a aps de pétrole???!!!!
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R
Le Darfour ne doit pas être un deuxième Rwanda ...<br />  <br /> <br /> http://www.rerero62340.skyblog.com/<br />
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G
Les médias sont aussi coupables de ne pas parler de ces attrocités. Ils faut qu'ils se réveillent il serait grand temps.
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